道教四十九关
L’ENSEIGNEMENT TAOISTE DES 49 BARRIERES
Avant-propos: Le texte original date de la dynastie des Qing, et a été écrit par Maître Liu sous le titre « Les 50 barrières ». Le texte a été légèrement modifié. Ce que nous appelons ici une personne « anormale » est une personne que la société considère comme différente par rapport à la multitude, souvent traitée de folle, de malade mental, d’idiot, d’insensé, d’imbécile, de borné, de prodigue, de négligent envers ses devoirs, de parasite, de puéril, etc… De par leurs perspectives sur la vie humaine, leurs valeurs, leur vision du monde, et leurs différences d’avec les autres gens, ils ne rivalisent pas avec les autres, et n’essayent pas de prendre des choses de force pour eux-même. Ils ne trompent pas les autres, n’exercent pas de pression pour leur gain personnel, ne recherchent pas de hautes fonctions, ni ne saisissent les opportunités de profit. Ils ne considèrent pas chaque oiseau et chaque poisson comme un repas, ni ne commettent d’actions qui nuisent à la vie d’autres êtres vivants. Ils sont modérés envers les bonnes nourritures et boissons, et la tentation de la beauté physique. Les autres les voient comme inutiles et handicapés. N’est-ce pas le cas? Les gens pourraient dire « Qui sont ces personnes? Incroyable ! »
Le mot Chinois « Guan » (关) définit une obstruction bloquant l’accès à une forteresse, un étroit passage de montagne, ou une requête. Quand une « Guan » ou Barrière est obstruée, on est dans l’incapacité d’arriver à destination, ou d’atteindre son objectif. On fait ici référence aux barrières qui empêchent l’étude et la compréhension du Tao, la sublimation de l’âme, l’ascendance à l’immortalité, et l’illumination; on y décrit aussi les jonctions et ouvertures de ces barrières. Ces barrières contiennent ce qui est inhérent à la nature d’une personne, ainsi que les qualités qui ont été influencées ou corrompues par les idées et les jugements de la société… L’avancement de chacun en terme de cultivation personnelle, de compréhension, d’assurance, de choix de direction, d’intensité de dévouement, etc… est étroitement lié à ces influences et barrières.
1. Désir
La sexualité est la force derrière la procréation de toute vie. C’est aussi la première grande barrière pour celui qui cherche à s’éveiller au Tao, à atteindre l’immortalité et l’illumination en suivant les méthodes anormales des êtres célestes. Les gens sont nés de cette voie de désir, et ils en meurent. Ce désir est une nature inhérente qui bouge en nous et crée une perte. Ce mouvement et cette perte sont une calamité et causent la destitution de ce monde . Il se manifeste même dans un état ignorant et insensible, il est là même dans un état irréfléchi et négligent. Les gens voient le désir, la passion croît, en entrant dans cette situation, l’esprit bouge avec impatience et la perte a lieu. Cela crée de nombreuses sortes de karma. Si ceux qui cultivent le Tao se débarrassent de la plus profonde racine de ce désir, naturellement la graine spirituelle commence à croître. S’ils rencontrent ce désir et n’y sont pas immédiatement soumis, ils peuvent alors agir sans désir. De façon remarquable, ils ne créeront pas de désirs, prévenant son entrée en eux. Ceux qui sont incapables ou qui ne veulent pas éliminer ce désir, ceux qui ne souhaitent pas suivre cette voie, ont de nombreuses méthodes à leur disposition. Leur capacité s’approfondit par une longue pratique. Finalement, le moment d’éliminer le désir viendra, lorsque la racine la plus profonde est éliminée, lorsque le corps physique est fort, le corps spirituel est facilement cultivé, toutes les autres barrières sont facilement surmontées, que l’on est renoncé à sa famille pour devenir moine, ou non, leur voeu d’être illuminé est sans entraves. Bien que les relations humaines continuent dans les générations futures, si le désir est insipide, l’énergie et l’essence seront abondantes et florissantes, prolongeant la vie et prévenant les maladies. On doit savoir que l’affection humaine est nécessaire au commencement de la cultivation; cependant, plus tard elle trouble la gloire de la Voie et ceux qui en useront ne connaîtront pas la Voie. Vie après Vie sans fin, c’est ce qu’on appelle le Grand Tao, la cause de la graine d’immortalité.
2. Amour
« Bien que la vie humaine puisse durer 100 ans, personne ne peut prévoir la durée spécifique d’une vie; hier vous montiez un cheval fougueusement, aujourd’hui vous êtes un corps sans vie dans un cercueil .» Ceci est appelé l’ « amère petitesse » de la vie. Voyant le non-sens de l’amour profond, on se précipite pour cultiver la Voie. Seulement alors peut-on échapper aux 3 mondes, et saisir sa vie et sa mort. Pour la vie humaine dans ce monde, tout est illusion, seule la Vie est réelle. Les maladies graves menacent le corps. Même les plus proches parents ou les plus aimés compagnons ne peuvent pas prendre sur eux les malheurs des autres, ni ne peuvent-ils porter sur leurs épaules leur misère. Rien ne peut être fait, bien qu’une vie entière de bienveillance en arrive là. Père et fils, frère et soeur, mari et femme, s’ils souhaitent faire ensemble quelque chose pour le père, ils doivent suivre les principes appropriés. Pour le fils, le mari, la femme, les parents, les amis, chacun doit connaître chaque principe, c’est le devoir individuel de chacun d’agir ainsi. Mais dans leur coeur, ils comprennent que ce ne sont que de simples outils pour un plaisir transitoire, la solidarité de la famille, un moyen d’amener cet acte en bon ordre à sa conclusion. En agissant ainsi les uns avec les autres, on peut éviter d’aller contre le mandat inhérent de nos liens naturels, et ne pas cacher ou obstruer notre instinct naturel. Que ce soit en famille ou en tant que renonçant, dans ce monde ou en-dehors, des temps anciens jusqu’à cette époque moderne, parvenant à trouver le Tao, on est libre de préoccupations, sans restrictions. Avec un coeur volontaire, en avançant audacieusement et avec puissance, on fait le voeu d’atteindre le rivage lointain.
3. Rang et Influence
Les richesses et les honneurs sont un désir pour les gens. La prospérité a son rang au Ciel et son rang parmi les hommes. Le rang du Ciel est la Voie, la vertu, la bienveillance et la foi. Le rang de l’humanité est l’honneur, la célébrité et le salaire. Pour cultiver le rang du Ciel, on doit accumuler la bienveillance et la foi et nourrir la Voie et la Vertu, restreindre l’ostentation et aller vers la sincérité, préservant l’énergie et soutenant la santé. On ne devrait pas parler contre les richesses et le luxe, mais se mettre hors d’atteinte de leurs conditions. Se débarrasser du désir pour le rang et la richesse est un accomplissement réel. Là où il y a richesse et gloire, on s’appuie sur elles, en vivant parmi elles on les convoite, en les surpassant on les oublie, en les rencontrant on les flatte, en les voyant on sait ce qu’elles sont. Cela nous met dans l’impossibilité de surmonter la barrière, comme la gloire et le rang vont et viennent, on est ballotté avec. Pour faire usage de la loi du monde et de la loi de la Voie, pour cultiver la Voie avec vertu et utiliser le Tao pour le salut, lorsqu’on est parmi les richesses et le rang on les oublie, lorsqu’on ne les possède pas on ne les convoite pas, cette méthode de suivre la Voie amène des résultats.
4.Richesse
La richesse est séparée entre la richesse du monde et la richesse de la Grande Loi. La richesse du monde est mesurée en or, argent, perles et jade. La richesse de la Grande Loi est mesurée par la vertu et la sincérité. Il s’agit d’accumuler de la richesse lourde de vertu et légère d’or. Prendre la sincérité au lieu des perles et du jade, la bienveillance et la foi au lieu des métaux et pierres précieuses, une respiration comfortable et un sommeil détendu au lieu de produits avantageux. Voir l’existence et la vérité comme de grandes richesses, la paix et la sérénité comme des propriétés. Bien que, en cultivant, puisque le corps réside encore dans ce monde on ne peut complètement abandonner les biens matériels, on doit se souvenir de toujours prendre des décisions vertueuses en dépit du profit, se soumettre à l’ordre naturel, éviter les calamités et aider ceux qui sont dans le besoin, bâtir des temples et des endroits de pratique spirituelle, s’engager complètement avec les enseignements religieux, utiliser toute richesse de façon appropriée, accumuler la richesse de la Grande Loi, ne jamais utiliser l’esprit pour escroquer ou faire de l’argent, ne jamais utiliser le Bouddha pour faire de l’argent, ou devenir riche pour son gain personnel.
5. Pauvreté
Cultiver véritablement la Voie, signifie bouger à l’inverse des usages du monde. L’extravagance prévient l’indifférence au gain. La pauvreté crée une volonté et des idéaux inaliénables. Si l’on est incapable de souffrir de la pauvreté, d’endurer la faim et le froid, et d’oublier les frustrations, alors on se résout difficilement, on succombe à l’illusion, on devient haineux et plein de ressentiments envers le ciel et la terre, bloquant le chemin qui mène à la haute montagne, nuisant à la voie et devenant démoniaque, incapable d’avancer, si l’on veut comprendre la Voie, cela est très difficile!
6. Le Corps Illusoire
Le Tao véritable est sans forme, la nature véritable est sans corps (substance), la loi véritable est sans comparaisons, ne pas tenir à son corps physique c’est parler du Tao, en-dehors de ce corps physique il y a un corps vrai, bien que les gens normaux prennent ce faux corps pour vrai. Qu’on se couvre avidement de richesses et de gloire pour le bénéfice du corps physique, qu’on le soutienne en accumulant de l’argent et des propriétés, qu’on l’engraisse en mange ant de la viande et buvant de l’alcool, qu’on le décore de vêtements somptueux, la vie est toujours restreinte par l’étendue de sa durée, la forme est gâchée et l’âme est perdue, la vie est perdue en dehors de soi, à ce point c’est une vraie difficulté si l’on cherche le repentir!
7. Arrogance
Une personne de caractère noble traite les autres avec modestie, étudiant le Tao, usant d’une attitude ouverte, elle est inférieure et petite, inaccomplie, honteuse d’avoir recours à ses subordonnés, elle révère ses enseignants et respecte ses amis, n’est jamais arrogante ou impétueuse. Seulement ainsi peut-on donner une direction et des conseils à ses amis. La voie de la cultivation juste nécessite un enseignant compétent comme guide, les bons amis bénéficient de la force de l’enseignant. Si l’on fait ses propres louanges, et qu’on se considère comme ayant toujours raison, même si l’on est excellent et intelligent, remarquablement cultivé, mais trop arrogant pour incliner sa tête, qui voudra nous montrer la voie? Seul le petit peut devenir grand, seul le bas peut devenir haut, seul le courbé peut devenir droit, et seul le vide peut devenir vrai.
8. Jalousie
Utilisant les connaissances de bons amis, je peux compenser ma propre ignorance, usant des capacités des autres je peux réaliser ce que je ne peux faire seul. En étant amis dans la vie, et moral dans les associations, on peut être aussi proches que des frères. Les autres ont leurs réussites, tout comme j’ai les miennes. Les autres ont leurs pertes, tout comme j’ai les miennes. Ceci est la direction pour vraiment apprendre la Voie. Si lorsqu’on voit les forces des autres, on devient secrètement jaloux, impénitent de ses propres faiblesses, opposant ceux qui excellent au-delà de soi-même, on développera un esprit égoïste. Parmi les autres, agissez avec compassion et vertu, respectez leurs forces, corrigez vos propres défauts, gérez vos affaires humblement, et les progrès arriveront.
9. Irritabilité
Une attitude irritable est préjudiciable au corps et à l’esprit, elle doit être éradiquée. Celui qui cultive la Voie, prends le fragile en premier, prends la paix comme base et suit la raison comme un début pour influencer la monde. Le pardon et la souplesse sont essentielles. Les abus et la malveillance sont nuisibles à notre position, et devraient être sortis de l’esprit, si l’on pense seulement à ce qui est bon pour nous, et jamais aux autres, même un petit dérangement nous perturbe, la haine brûle dans le corps, et l’esprit originel nous quitte. Les fluides s’assèchent et la respiration est dispersée, le trois joyaux sont blessés intérieurement, à l’extérieur on s’engage dans des conduites viles, la vie devient désordonnée et ébranlée, la violence cause de grands dommages. Ceci rend une personne folle. On doit devenir comme un mort, un imbécile, le coeur comme des cendres froides, notre nature comme gelée; alors seulement on peut cultiver la Voie.
10. Dispute
Les disputes sont la racine et la source du vrai et du faux. En rapport à l’intégrité morale et à la corruption, les gens sont inconscients des dommages causés. En reconnaissant la vertu, on devient fier et complaisant, parlant plus de soi-même que des autres, mentant ou parlant avec ruse, donnant des opinions erronées, rompant des promesses, délirant vers le désastre, parlant de façon hautaine mais sans vérité, maudissant et diffamant; ainsi vaincre les autres devient un accomplissement. Tout ceci est nuisible à toutes sortes d’affaires. Ne parlez pas avec présomption ni discrimination. Les mots sont le coeur du son, la langue est le coeur du germe. Si le coeur n’est pas pur, la racine est déjà gâchée. Quand la nature est assombrie et la vie est ébranlée, n’imaginez pas que la Voie puisse être comprise.
11. Ressentiment
Quelques soient les malheurs ou les pertes dont on a souffert, on doit d’abord se débarrasser de toute hostilité. Avant que le ressentiment soit éliminé, on souffre de cet état, et on atterrit dans le cycle de la vie et de la mort, l’océan des causes et effets. La richesse de la terre soutient et fait croître toutes choses, et porte tout le poids de Tai Shan, recevant le flot de tout le Yangzi. Etudier la Voie est aussi profond que la terre, aussi immense que les mers, comme les immortels, avec leurs manières sans entraves, leur tempérament paisible, on peut prendre contact avec la Voie.
12. Egoïsme
Quand quelqu’un est égoïste, il ne travaillera pas pour le bénéfice des autres. Un Taoïste doit avoir une perpective désintéressée. Pour que les désirs ne dérangent pas une personne, elle doit parvenir au désintéressement. Quand le soi existe, on devient intéressé pour soi-même. Sans distinguer les autres de soi-même, on peut être en correspondance correcte avec les autres. Cet esprit, cette voie, cette méthode de cultivation est l’embryon du Sage. En discernant les autres de soi-même, en prenant les autres à la légère et soi-même au sérieux, se mêlant d’affaires, recherchant le gain, toujours voulant recevoir, mais ne voulant jamais se retirer, on ne réalisera pas que les trois énergies sont épuisées et que tout est gaspillé. On devrait voir tous les êtres vivants comme une entité, tout ce qui est sous le ciel comme une famille. Le bonheur, le chagrin, les gains et pertes des autres devraient être vus comme les siens. On devrait pardonner au bon moment. Lorsqu’il est approprié de se retirer on devrait se retirer, en donnant tout son coeur et son intention au service de toute vie. Ceci devrait être la manière de cultiver le Tao.
13. Paresse
Pour entrer dans la Voie et rechercher la cultivation, on doit avancer vigoureusement, on ne doit pas se dérober face à ses responsabilités et agir avec paresse. On doit s’élancer ardemment dans les épreuves, l’esprit et l’intention fermes et stables. S’il y a un début et une fin, seulement alors peut-il y avoir progrès. Cherchez à corriger toute incompréhension, étudiant nuit et jour. Les désastres et les difficultés multiplient la force de la volonté. S’il y a une vertu à achever, un mal à éliminer, on doit constamment s’efforcer, toujours diligent. Si l’on recherche uniquement la paix et on évite et craint les épreuves, gardant à distance le dur labeur, repoussant les actes méritoires, passant la journée entière à manger, sans considérer quoi que ce soit, ces actions sont une tentatives vaines pour comprendre la Voie.
14. Talent et Intelligence
Si vous avez du talent, ne vous en servez pas, si vous avez de l’intelligence, ne l’employez pas. Seulement alors aurez-vous un talent complet, seulement alors aurez-vous une intelligence complète. Qu’est-ce-que le talent ? C’est de considérer les choses avec flexibilité. Lorsqu’il y a quelque chose à faire, on se tourne toujours d’abord vers son talent et son intelligence. Observez la vérité de cette situation : les gens perdent toujours leur vie de par leur talent et leur intelligence. En comptant sur son talent, on devient condescendant. En comptant sur son intelligence, on devient vaniteux. Celui qui admire vraiment la Voie, se débarrasse de son talent, et consume son intelligence. Il cache sa propre lumière et ne s’implique pas dans ce monde. Il ne rivalise pas en affaires. Il est honnête en tant que personne, souple dans son utilité, étudie la Voie. S’il avait à utiliser son talent et son intelligence, il élaborerait des plans et des stratégies, satisfaisant ses désirs, finalement tendant à sa fin.
15. Volonté
Lorsque seul l’esprit ouvert recherche la Voie, il est brisé et perdu. Ne pas être volontaire cause de grands dommages. On doit non seulement étudier la Voie, mais aussi sa propre nature. Si l’on n’a pas la volonté d’étudier dur, on a peu de contrôle et on ne peut devenir harmonieux parmi la multitude. Si l’on est limité dans ce qu’on peut tolérer, on ne deviendra pas magnanime. En ce monde, quand la volonté est abusée, les gens deviennent extérieurement offensifs et détestables, tandis qu’intérieurement ils deviennent insidieux. Si l’on peut méditer calmement et considérer sa voie, de petites paroles ne nous feront jamais dévier, les relations sont en ordre, les voyages dans toutes les directions sont satisfaisants, les affaires sont abordées avec modestie, on trouve refuge dans la faiblesse, et tous les aveuglements du passé sont connus. On est naturellement obstiné, changeant graduellement. Pour devenir ce chercheur naturel de la Voie, on doit être vide, comme un homme stupide, alors seulement peut-on réaliser la Voie.
16. Adversités, Epreuves et Tribulations
Pour une personne qui choisit de ne pas étudier la Voie, il y a de nombreux comforts. Ceux qui cultivent rencontrent des désastres encore et encore. En vérité il y a de nombreux démons bloquant la Voie du Tao. Avec volonté et détermination, par un ascétisme difficile on peut éliminer cette adversité. Par des actions méritoires, on surmonte ces barrières, et avec le temps on parvient naturellement à la santé et la paix de l’esprit. Sans adversité, il n’y a pas de cause pour l’aspiration. L’or est fondu dans de grands feux, le lotus pousse dans la boue. Sans le feu on ne verrait jamais l’éclat de l’or, sans la boue on ne verrait jamais la pureté du lotus. A travers la difficulté, les catastrophes, les épreuves et le danger, on s’engage envers le ciel. En répondant d’un espace non mental, si l’on ne se retire pas de la volonté, on est protégé et soutenu, naturellement le mauvais augure devient de bon augure, et la calamité devient la fortune. En confrontant l’adversité avec peur et en perdant sa volonté et ses idéaux face au désastre et au malheur, le mental devient désordonné et l’esprit s’enfuit, trouver la Voie devient difficile.
17. Malhonnêteté
Il est précieux d’étudier la Voie avec une sincérité authentique. Seulement en s’abaissant, on peut expérimenter le traitement d’un vrai enseignant, gagner la confiance des autres et recevoir leurs faveurs. Quand le coeur est pur, enseignants et amis le traiteront avec un coeur pur. Quand on est sincère, enseignants et amis le traiteront avec sincérité. Si l’on cherche à être perfide et fourbe, le coeur est corrompu et on essaye de cacher ses actions même des sages. On fait des mensonges séduisants, et on interprète les écritures erronément. Alors qu’on a agi ainsi, bien qu’extérieurement on semble poursuivre l’étude du Tao, intérieurement on conspire. On trompe les autres et donc soi-même, rejetant à tort son futur. Avec honnêteté, on peut sentir le Ciel et la Terre, communiquer avec des fantômes et des esprits, et faire bouger les gens. Si une personne a la moindre fausseté dans ses pensées, non seulement elle ne pourra pas rechercher à gagner la vérité, mais elle sera même incapable de la voir clairement.
18. Conjecture et Opinion
Dans la Voie, il y a vrai et faux. Dans le faux il y a du vrai, et dans le vrai il y a aussi du faux. Il y a action et il y a non-action. Le mystère de la Voie est indescriptible et les discussions ne peuvent pas l’expliquer. Dans le monde en trois dimensions, il y a la forme et le sans-forme. Il y a des choses avec apparence et des choses sans apparence. Ce qui apparaît comme réel ne l’est souvent pas. Pour discerner la vérité, on doit utiliser sa vie entière, prendre ses responsabilités, user de tous ses talents pour éliminer l’illusion. On doit rechercher de grands enseignants, ceux qui sont illuminés aux mystères profonds, sa propre maigre intelligence n’est jamais suffisante, car elle contient des conjectures et des opinions et on se voit toujours soi-même comme correct. On ne fournit rien aux autres et on ne récompense que soi-même. On ne recherche pas l’aide des autres, mais plutôt on regarde artificiellement à l’intérieur, si on souhaite comprendre la Voie on ne trouvera que des difficultés.
19. Absence d’esprit
Les sages des trois religions étaient appréciés pour leur bon coeur et leur esprit pratique, ils ne s’engageaient jamais dans des affaires sans présence d’esprit. Cultiver la voie est une affaire extrême, pleinement développée, l’étude d’une vie entière. Dans le Taoïsme il y a trois niveaux d’étude: la plus élevée pour les plus sages qui comprennent facilement, apprenant des centaines de leçons pour chaque enseignement, qui sont nées avec la compréhension, et qui les mettent en pratique harmonieusement. Le niveau central est pour ceux qui ont une sagesse moyenne, en recevant un enseignement ils en comprennent deux, par l’étude ils gagnent la compréhension, et la mettent en pratique favorablement. Le niveau bas est pour ceux qui ont peu de sagesse, avec de grands efforts et recherches ils peuvent acquérir de profondes compétences et réalisations, à travers des difficultés ils gagnent la compréhension, et la mettent en pratique avec effort. Dans ces trois niveaux, les gens font ce dont ils sont capables. Bien que séparé en trois niveaux, chacun commence du bas vers le haut. Si l’on manque de présence d’esprit et d’exactitude, si l’on est incapable de concentrer son attention, sans volonté durable, personne du niveau moyen ne progressera dans son étude, et même ceux ayant une grande sagesse seront vains. Si on apprend et questionne, si l’on est attentif, que l’on a du discernement et qu’on est consciencieux, alors qu’est-ce qui peut nous empêcher de comprendre la Voie?
20. Vanité et Illusion
Pour comprendre la Voie on doit pratiquer la vérité, non la vanité et l’illusion. Les affaires humaines sont artificielles et confuses, la célébrité et le gain sont trompeurs, l’amour profond consume. Si l’on prend ces choses fausses pour vraies, on est incapable d’établir sa volonté et son ambition, incapable d’élever son énergie, incapable d’utiliser ses forces. En suivant ces désirs, on permet à la connaissance de l’esprit d’être détruite et, en regardant vers l’avant on recule, prenant ses désirs pour du mérite, remplaçant la considération par le mal. Dans les temps anciens, les Immortels et Bouddhas ont soufferts d’innommables et d’innombrables épreuves. Ils employaient une auto-discipline sans fin. Seulement ainsi purent-ils comprendre la Voie. Qui sait de combien de difficultés ils ont endurées pour réaliser la Voie? La vanité et l’illusion sont le péché qui empêchent la compréhension de la Voie. Si cela perdure, on ne peut pas s’attendre à réaliser quoi que ce soit.
21. Vie et Mort
En étudiant et cultivant la Voie, on ne peut dans son coeur ni être attaché à la vie ni craindre la mort. Zhuangzi a dit: « Absorber la vitalité, c’est prolonger la vie, oublier la vitalité, c’est perdre la vie. » La voie de la longévité requiert que l’on oublie le fait de vivre ou ne pas vivre, mourir ou ne pas mourir. Le Ciel et la Terre peuvent utiliser ce qui a une forme, mais ne peuvent utiliser ce qui est sans forme, ils peuvent utiliser ce qui a de l’énergie, mais ne peuvent utiliser ce qui n’a pas d’énergie, ils peuvent utiliser ce qui a un esprit, mais ne peuvent utiliser ce qui n’a pas d’esprit. Ne pas avoir d’esprit c’est ne pas avoir d’énergie, ne pas avoir d’énergie c’est ne pas avoir de forme. N’ayant aucune pensée sur la vie et la mort, on ne s’épuise pas. Si l’on a un esprit qui demande à vivre, alors le corps physique dure tandis que l’esprit meurt avant son heure. Les germes de la vie sont gâchés, et les racines de la mort s’étendent. Démons et diables arrivent et il y a confusion et tourment. Examinez la mort, puis mettez hors de votre considération la question de ces deux mots « vie et mort ». Enterrez la mort en marchant sur son chemin. Pour éviter la mort, étudiez la mort. Bien que vous viviez, vous pouvez ne pas connaître la vie. Il y a uniquement ce mot, la « Voie », toujours devant vous, sinon vous recherchez la vie et craignez la mort, et pris ainsi, la Voie est inaccessible.
22. Complaisance
Le savoir d’une personne est limité, le savoir de la multitude est sans limite. Si l’on ne s’engage pas avec cela, on n’apprendra rien. Si l’on ne se plie pas à cela, on n’a aucune connaissance. Si l’on ne reconnaît pas que l’on est vide, il n’y a rien à gagner. Si l’on ne respecte pas ce que les autres ont, on ne peut rien réaliser. Les sages réalise la Voie en vidant le coeur et l’esprit. Si l’on s’appuie sur sa propre intelligence et éducation, on devient complaisant et on ne cherche plus à s’améliorer. On entrera probablement dans des voies de traverse et on s’engagera dans des affaires médiocres, sans réaliser son erreur. En se tenant soi-même en haute estime, on ne peut rien renforcer. On doit prendre tous les autres comme ses enseignants, et chaque endroit comme quelque part où apprendre.
23. Peur de la Difficulté
Il n’y a pas de choses difficiles sous le Ciel, seulement de la peur dans le coeur des humains. La cultivation est la chose la plus simple et directe. C’est aussi la plus difficile et épuisante. On doit avoir une aspiration solide. La chose la plus difficile sous le Ciel doit être la plus grande. La plus grande chose requiert une personne « anormale » usant de la plus grande force afin de réussir. Si cultiver la Voie était facile, tout un chacun en ce monde deviendrait un Bouddha ou un Immortel.
24. Mépris
La Voie travaille pour elle-même, le Temps est illimité, insondable, mais la vie est limitée, explorez le vaste univers, expérimentez le grand océan de l’humanité comme si vous voyiez des insectes rampant sur une montagne. Peut-on prendre cela à la légère ? En considérant la Voie de façon irrespectueuse, peut-on la cultiver? Peut-on aller de l’avant?
25. Lâcheté
Pour cultiver la Voie, on doit avancer avec bravoure, on ne peut être lâche et faible. Si l’on a l’aspiration, on transforme ses faiblesses en une volonté infaillible. Si l’on a pas l’aspiration, même les plus grandes forces deviennent des faiblesses. Ce qui est appelé aspiration doit être décisive et résolue, une volonté audacieuse, une force endurante du coeur et de l’esprit. Toujours allant de l’avant, minute par minute, prudemment à travers la vie. Essayant sans fin de comprendre et d’apprendre les principes de la Voie. Ce que l’on ne connaît pas, on doit chercher à connaître. Ce que l’on ne comprend pas, on doit endurer l’amertume pour apprendre. En supportant l’insupportable, seulement ainsi peut-on réaliser l’irréalisable, expérimenter l’amertume sans amertume, et connaître ce qui ne peut être connu.
26. Vision à Court Terme
Cultiver la Voie et la Vertu n’a pas lieu en une journée. Cela requiert une aspiration à long terme. Il n’est pas correct de distinguer le bien du mal, si à la fin on est satisfait de soi-même. Si l’on espère réaliser la Voie rapidement, cela est vain, et si l’on est anxieux des résultats, on n’a pas l’esprit pour le long terme et on manque de volonté. On avancera et reculera, allant et s’arrêtant. Comment peut-on atteindre la profondeur ainsi? Si une personne a deux avis, changeant de l’un à l’autre, il est inévitable qu’elle abandonnera en chemin, n’atteignant jamais une compréhension de la Voie.
27. Résignation
Les gens normaux disent qu’une vie humaine a une durée fixe, surpassée uniquement par l’inhumain. Ils disent que la sainteté est innée, les personnes spéciales ont le don de ces capacités. Ils disent que la Voie est la plus profonde, incompréhensible pour les gens normaux. On doit savoir que tout le monde peut devenir un sage. Tout le monde peut être illuminé. On doit être complètement honnête, complètement respectueux, se pliant pour demander l’aide des autres, en commençant par le proche et en finissant par le lointain, infaillible dans sa détermination. Si les êtres humains ne pouvaient pas réaliser la Voie, qu’est-ce qui les distinguerait des animaux ? Ce qu’une personne ne connaît pas, elle doit apprendre à le connaître. Ce qu’elle ne peut pas faire, elle doit apprendre à le faire. Pour que le corps entre par la porte de la Voie, on doit ne pas penser à avancer rapidement, ne pas s’abandonner soi-même comme sans espoir, ne pas perdre son temps jour après jour. En allant ainsi, une personne vivrait comme dans un rêve, gâchant sa vie, et les désastres se répèteraient.
28. Dette
Ceux qui cultivent la Voie doivent avoir des manières simples et sans fioritures. Accumuler des richesses, c’est répandre le sang et la sueur dans toutes les directions, ce qui ne peut être pris à la légère. C’est pourquoi on ne doit pas rechercher la célébrité et la richesse. Une corde, un fil, arriver à cette pensée n’est pas facile, une boisson, un repas, on doit savoir que c’est difficile à réaliser.
29. Supériorité
Ne pas se considérer comme supérieur est le plus haut qu’on puisse aller. Lorsqu’on ne se considère pas comme grand, c’est le plus grand qu’on puisse être. Si l’on a pas une haute opinion de soi-même, on peut être humble parmi les autres. Si l’on n’a pas une grande opinion de soi-même, on peut être petit parmi les autres. En cachant ses capacités, on est en accord avec le monde, amenant la joie aux autres, on étudie la Voie en satisfaisant ses enseignants et amis. Si l’on est extérieurement modeste et intérieurement méprisant, que l’on compte sur ses capacités pour étudier la Voie, et que l’on pense hautement de la manière dont on détient la Voie, qui est assez puissant pour prendre toute cette arrogance, cette auto-satisfaction, pour l’effacer d’un geste, afin que l’on puisse alors réaliser la Voie?
30. Ornement
Les gens dans le monde tiennent les ornements en haute estime tout en considérant légèrement le contenu intérieur. Ils reconnaissent le faux et rejettent le vrai. Les gens s’inquiètent que les autres se moquent d’eux et s’ornent donc de beaux vêtements. Les gens se font beaux afin de rire des autres; ils prétendent avoir une haute morale pour mentir aux autres. Lorsque les gens passent beaucoup de temps uniquement à cela, comment peuvent-ils cultiver avec cette perspective? C’est en remplissant son devoir, sans rechercher l’argent et la gloire, en maintenant la simplicité, en étant digne de confiance, en respectant la Voie, en considérant la Vertu comme précieuse, que toutes les affaires sont terminées et que les progrès avancent dans tous les domaines.
31. Fausse conviction et mécompréhension
Comprendre la Voie requiert une vue véritable du profond. Il n’est pas acceptable de prendre ce qui n’est pas connu pour connu, ou des erreur seront faites dans des affaires importantes. Quand quelque chose semble vrai mais ne l’est pas, on doit demander à quelqu’un qui sait pour illuminer, éclairer et ouvrir l’esprit, les incertitudes et les significations sont expliquées. On doit mettre de côté sa propre intelligence et nettoyer son propre coeur, demander sans attendre à comprendre l’inconnu, chercher plus profondément que ce qui est déjà connu. Si l’on feint une compréhension élevée, finalement on ne sait rien, et avec si peu de compréhension un profond savoir est difficile à obtenir.
32. Malveillance
Ceux qui cultivent dans le monde doivent avoir une attitude compatissante. Ils ne devraient pas garder leurs vices cachés à l’intérieur, cela les empêche d’entrer en contact avec le Tao. Les gens distinguent le bien et le mal, la vertu et la bêtise. Une personne a une nature singulière, de nombreuses personnes ont des natures diverses. Certaines personnes utilisent un langage agressif, ou s’engagent dans des affaires malhonnêtes. On doit écouter sans entendre, regarder sans voir, toujours répondre aux autres sans préjugés. Si l’on oublie d’être gentil dans ses actions, et que l’on agit seulement avec hostilité, on cache sa tromperie dans son caractère. Après des années à accumuler cette énergie, il est difficile de s’en débarrasser. Extérieurement ils sont hypocrites ; intérieurement ils penchent vers l’obscurité. Cela endommage la personne et blesse le corps. Sans repentir, cet état continue, on doit redresser la tête. Si dans cet état ils perçoivent le plus petit détail, si leurs désirs ne sont pas dissipés, et si la malveillance ne change pas, ils s’enfoncent dans le cycle de la vie et de la mort, dans l’océan des cause et de effets.
33. Alcool
« Vin, sexe, argent et colère » sont appelés les quatre murs. Bien que tout le monde soit gardé à l’intérieur de ces murs, il y a ceux qui sautent par dessus, et découvre la « longue vie sans maladies ». L’alcool est l’une des quatre blessures; être ivre rend confuse la nature de la personne. Le désir se manifeste facilement dans l’ivresse, des idées vicieuses naissent, et la colère surgit, blessant l’innocence. La malveillance remplace les actions, on s’oublie dans ses paroles, et devenant extrêmement audacieux on ose n’importe quoi, tout cela à cause de l’alcool. Dans les temps anciens, combien de héros ont rencontré cette difficulté? On doit être prudent.
34. Peur de l’amertume
En commençant à cultiver, la faim et la soif, le froid et le chaud, les désastres et les maladies, maîtriser le désir, s’entraîner, et se comporter de façon appropriée dans les affaires, tout ceci fait normalement partie de l’amertume de la cultivation. Ayant l’habitude d’assouvir les désirs du corps physique, il est difficile de progresser. Ce que les personnes « anormales » devraient savoir, c’est que dans la perte il y a gain, et l’on doit s’engager dans des efforts difficiles si l’on recherche des résultats profonds. Les gens normaux reculent face à la difficulté, ils la voient et s’arrêtent. Ils ne comprennent pas l’idée que l’on supplie la Voie au centre de l’amertume. Ce mot, amertume, pour tempérer sa volonté, est la médecine qu’une personne qui cultive utilise pour récupérer, un moyen de surpasser de nombreux démons. Si l’on devient renonçant afin d’éviter la difficulté et pour passer son temps futilement, comme un moyen de recevoir des vêtements et de la nourriture, qu’est-ce qui nous différencie des autres? La peur de l’amertume et les soupçons ne portent aucun fruit, et alors que les années passent, la Voie est toujours inaccessible.
35. Manque de foi
Quand l’être humain supérieur entend parler de la Voie, il travaille dur pour la cultiver. Quand l’être humain ordinaire entend parler de la Voie, il en garde une partie et en oublie une autre. Quand l’être humain inférieur entend parler de la Voie, il rit. Celui qui a la foi ne parle pas de foi, il garde plutôt la foi véritable dans son coeur. C’est la foi la plus puissante, que les cieux peuvent percevoir et qui peut mouvoir la terre, communiquer avec les dieux et les esprits, achever le cycle des renaissances, et révoquer la vie et la mort. Cela est saint et digne, permettant de devenir un Bouddha ou un Immortel. C’est le plus grand trésor de celui qui cultive la Voie. Vraiment avoir la foi c’est avoir l’esprit uni à la Voie, un esprit singulier. Mais la foi doit aussi distinguer enter le vrai et le faux, le vice et la vertu. En étudiant la voie, la foi est précieuse, la valeur de la foi est ce qui nous montre ce qui est correct. C’est la foi véritable de la Voie. Finalement, on le réalise, sinon, si la foi est partielle on est dominé par l’incertitude, et la réalisation de la Voie est illusoire.
36. Absence de Maître
Les gens normaux ont leurs accomplissements, mais avant qu’ils puissent être considérés comme valables ils sont sujets à l’interprétation du maître. Sans un maître intègre, nos propres idéaux peuvent devenir vides et irréels. Sans vision intègre, on peut facilement prendre des chemins de traverse, gaspillant de nombreuses années de son temps. Quand l’esprit est incertain, il ne coûte rien de demander assistance aux grands enseignants, pour clarifier l’incertitude, sinon on ne peut distinguer le vrai du faux, et au lieu de rechercher la vie on se rapproche de la mort.
37. Résultats rapides, Impatience
Quand on cultive la Voie, on doit suivre un ordre spécifique, avançant graduellement et avec diligence, faisant des progrès avec le temps, on ne peut se presser pour que tout arrive d’un coup. Si l’on a pas étudié les écritures, et si l’on n’a pas accumulé la vertu, on prendra des chemins de traverse et on marchera dans des voies tortueuses. Le résultat désiré est simple, mais le travail pour y parvenir est difficile, on doit endurer des difficultés durables, pour parvenir à voir la grande Voie véritable. On cultive son énergie innée, originelle, sans forme. Le résultat désiré est difficile, mais le travail pour y parvenir est facile. Sans ambition à long terme, sans un esprit qui dure pour toujours, quand on est anxieux de récolter les fruits de son labeur, on est minuscule et léthargique, par cette impatience ne peuvent venir aucun succès.
38. Négligence
Etudier sans considération est décevant, considérer sans étudier est dangereux. Avec un travail singulier et attentionné, on peut continuer pendant longtemps. En y mettant son temps et ses efforts, on peut obtenir des résultats. En s’impliquant dans les écritures sans limite de temps, c’est grâce à l’attention qu’on peut trouver la compréhension. On doit étudier attentivement, saisissant les principes étape par étape. Le coeur et l’esprit deviennent clairs, on comprend la vérité, la tapisserie est tissée en une pièce, et on gagne la capacité d’atteindre la plus haute Voie.
39. Gâchis
Le corps est un très grand don. Le temps passe constamment, n’attendant personne, donc on devrait faire le meilleur usage du temps qu’il nous reste. Il est préférable de commencer à cultiver quand le corps est jeune et fort, avant que l’énergie et l’esprit s’affaiblissent avec l’âge. C’est un vrai gâchis si l’on perd son temps pour des actions sans importance et si l’on se concentre seulement sur la cultivation de la vie matérielle, ce qui montre l’ignorance du cycle de la vie et de la mort. On devrait trouver un vrai enseignant et de bons amis de qui apprendre. On devrait aussi essayer toujours d’être méritoire et d’éviter les actions immorales. Si l’on peut être concentré et dévoué, s’engager et faire de bonnes actions, alors les déités et les dieux nous protègeront et nous aideront. Ainsi la grande Voie peut être réalisée.
40. Manque de Volonté
Le corps est un grand don et devrait être utilisé comme un bateau pour traverser la rivière vers l’illumination, comme une échelle montant au Ciel. On doit être déterminé à avancer avec persévérance vers la purification de notre esprit et son ascension. On doit parvenir à cette réalisation dans cette vie, on ne peut s’attendre à cette opportunité dans des vies futures. Quand on a à coeur d’étudier le Tao même si l’on a 70 ou 80 ans, si on est capable de se concentrer entièrement dans le moment présent, on peut encore le réaliser. On ne devrait pas se décourager du fait de son âge, on ne devrait pas abandonner à mi-chemin. Plus le corps devient âgé, plus on devrait dépenser son énergie et son intention pour la cultivation dans la vie quotidienne, jusqu’au moment de la mort il y a une opportunité de cultiver. L’esprit véritable n’est pas difficile à récupérer, on doit juste se méfier du manque d’ambition et de persévérance.
41. Vantardise
Les érudits de la société sont délibérément mystificateurs, apprenant des mots savants pour rendre leur discours plus coloré sans en approfondir la signification. Ils ont la suffisance de croire qu’ils sont éveillés, se disent illuminés, ils chantent leurs propres louanges et battent leur propre tambour, ainsi ils recherchent la célébrité et les compliments, quand en fait par de telles actions ils amènent la destruction sur eux-même et finalement tombent dans de mauvaises voies. Celui qui est vraiment intéressé par la cultivation du Tao devrait se comporter comme s’il était stupide et lent, être prudent et discret, sans déclarer ses réalisations et évitant la célébrité. Quiconque n’a pas entendu parler du Tao a une opportunité pour l’apprendre, quiconque en a entendu parler peut commencer à cultiver, étape par étape vers le succès.
42. Le Fourneau
Les cinq métaux et les huit pierres sont tous artificiels et ont été mal compris. Les dix mille herbes et les cent mille prescriptions sont toutes fausses. L’Elixir du Tao n’est pas un élixir matériel fondu dans le chaudron dont il est question dans les livres d’alchimie externe. Cet élixir provient d’actions chevaleresques indestructibles. Cet élixir est rond et sans défauts, clair et brillant, fort et complet. Gardé à l’intérieur de notre corps depuis la naissance, c’est la racine de la vie. Tout le monde le possède. Cependant, les érudits stupides ne le connaissent pas. Ils ignorent la Voie sur le pas de leur porte, et recherchent la vérité au loin. Ils ne font pas ce qui est simple; au lieu de cela, ils cherchent des méthodes externes difficiles. Ils mé-comprennent les enseignements. La vie d’un pratiquant n’est pas la même que la vie d’une personne ordinaire. Pour toutes ces raisons, je conseille ceux d’entre vous qui veulent vraiment apprendre à propos du grand Tao de se dépêcher d’ouvrir la porte du fourneau, de mettre de côté les recherches d’alchimie externe, d’arrêter de faire bouillir et frire, d’investir votre énergie dans l’étude de la vie spirituelle véritable, et de découvrir le fourneau du ciel et de la terre. Prendre des métaux pour des délicatesses et des poisons comme des trésors de la vie, cela ne fera aucun bien à votre vie spirituelle.
43. Honte
La chose la plus précieuse pour un Taoïste est une tolérance imperturbable pour les préjugés et les courtes vues du monde, le manque de connaissance et l’ignorance des gens. Le calme vient de la tolérance et d’une forte détermination, et on peut rester imperturbable par la pauvreté et le désastre. On devrait être comme un océan, acceptant toutes les eaux qu’elles soient pures ou sales, douces ou amères, ni plus, ni moins. Celui qui suit la Voie doit tolérer la honte, ne pas se battre dans des situations compétitives, ni se sentir honteux quand traité improprement. Son caractère devrait être comme un océan. Ceux qui se voient comme grands ne sont pas grands. Ceux qui se pensent honorables ne sont pas honorables. Ceux qui se pensent corrects ne sont pas corrects. On peut uniquement cultiver la Voie si on peut mettre de côté la honte.
44. Karma
Une famille qui a accumulé la bonté sera fortunée, une famille qui a accumulé la malveillance fera face au désastre. La bonté est récompensée par la bonté. La malveillance est récompensée par la malveillance. Nos actions dans un moment sont répercutées dans d’autres. Avec la cause, il y a le résultat. Si l’on marche sur la voie de la bonté, on sera vu d’esprit bienveillants. Le Créateur laissera ceux ayant eu des actes malveillants goûter au fruit de la malveillance. On doit d’abord apprendre à être bon et à ne pas commettre de mal; alors on peut avancer sur la voie de la cultivation, échappant au cycle de la vie et de la mort. On doit aussi savoir que si dans cette vie ce cycle n’est pas résolu, on peut tout de même créer une fondation solide maintenant pour commencer d’une position plus avancée dans notre prochaine vie.
45. Le Démon du Livre
Il y a des myriades d’écritures et de livres. On devrait les lire avec diligence; en se souvenant que la compréhension de chacun reflète seulement son niveau de cultivation et non la sagesse cachée dans les textes anciens. On devrait rechercher la connaissance théorique dans les écritures mais une explication par un maître doit être donnée. Si l’on prend ce qui est écrit dans les livres pour le Tao lui-même, on tombera dans le piège du « Démon du Livre ». Ne pas rechercher un maître illuminé nous freinera dans notre cultivation. Nous devons reconnaître le vrai du faux par une étude attentive et diligente ainsi qu’en trouvant un enseignant ayant du discernement pour dépeindre le vrai du faux. C’est par la confirmation de chaque étape que l’on avance vers la compréhension du Tao.
46. Vide
Le grand Tao n’est pas seulement vide et sans vie. Le grand Tao a un vide extrême mais contient aussi une extrême abondance. Dans cette très grande vacuité est contenue la plus grande réalité. La « non-action » provoque l’achèvement, tout comme le Ciel et la Terre ne forcent rien mais donnent vie à tous les êtres vivants. Le soleil et la lune créent les saisons sans effort. C’est dans la « non-action » que l’action juste peut avoir lieu. Ce n’est pas simplement le néant qui est décrit par « non-action ». Pour cultiver la Voie, on doit d’abord comprendre la Voie, et ensuite on peut cultiver dans sa direction. En reconnaissant le mouvement de la grande Voie mais en ne faisant rien, on fera l’expérience du néant, un état qui n’est pas satisfaisant pour la cultivation. Ayant des corps humains, nous souffrons des déséquilibres du yin et du yang et des cinq éléments. Nous sommes affectés par les cycles karmiques et les obstructions du monde physique. Si l’on souhaite transformer les influences négatives, en utilisant seulement le néant, comment le Yin peut-il devenir Yang, et éliminer les graines amères de la calamité et du mal?
47. Attachement aux images
La Voie primordiale donne forme au sans-forme. Ce n’est pas uniquement ce corps physique qui travaille en ce monde, donc où et quand est-ce que le corps sans forme commence son travail ? En quittant le corps, on ne peut plus discuter de la Voie. En s’attachant à des images, on néglige la vérité. Le corps humain est la combination de cinq illusions. Elles sont exprimées extérieurement en tant que les yeux, les oreilles, le nez, la langue et la bouche, et intérieurement comme le coeur, le foie, l’estomac, les poumons et les reins. Quand la mort survient, ils sont réduits à un tas d’os et de chair pourrissante. Si l’on est trop attaché à son corps durant la cultivation comment peut-on parvenir à la réalisation de l’unité de la nature et de la vie ? On doit savoir que le corps crée bien des peines dans cette vie. Aussi, pour préserver l’Elixir d’Or de la Voie, les Taoïstes cultivent leur nature et leur vie, cultivant l’esprit intérieur autant que prenant bien soin du corps physique. Notre esprit véritable, aussi appelé corps du dharma ou esprit yang n’a pas d’imperfections. Une fois que l’esprit Yang est cultivé, on peut entrer dans l’eau sans couler, entrer dans le feu sans brûler, durer aussi longtemps que le ciel et la terre, et être illuminé comme le soleil et la lune.
48. Guerre des Apparences
Recueillir le Yin pour soutenir le Yang, rechercher la satisfaction à l’extérieur est comme essayer d’étancher sa soif en pensant à des prunes; cela ne bénéficie pas à sa propre vie et le caractère est moralement nuisible. La méthode Taoïste est similaire à la façon dont les hommes et les femmes interagissent les uns avec les autres dans le monde physique; la différence est que les Taoïstes utilisent le corps véritable, né de leur père spirituel et de leur mère sacrée, à l’opposé du corps physique donné par le père et la mère physiques. Le Yin et le Yang décrits dans les écritures alchimiques sont ces parent spirituels. Le Yin-Yang véritable ne peut être trouvé en-dehors de notre propre corps.
49. Illusion
La Voie passe d’une cultivation graduelle à l’illumination soudaine. Au milieu de la quiétude, on observe d’innombrables images changeantes. Si l’on accepte ces illusions comme la réalité et si l’on prend erronément le faux pour le vrai, on succombe au Démon de la Tentation. Dans des cas moins sérieux, on peut devenir malade, dans des cas plus sérieux, on risque de perdre la vie. Les Taoïstes endurent des années interminables d’épreuves et les 81 difficultés pour surmonter cette barrière! Ils adoptent les préceptes et s’entraînent pour surmonter cette barrière! Ils travaillent sans relâche durant toute leur vie pour surmonter cette barrière! Ils usent de chaque moment en tant que cultivation pour surmonter cette barrière! Si l’on ne peut maintenir cela à chaque moment, notre esprit est condamné à être dérangé et d’étranges illusions apparaissent. Ainsi on perd toutes ses réalisations, les démons viennent gâcher sa cultivation et tester son travail, le contrôlant complètement; lamentablement on perd tout ce que l’on a réalisé. Si l’on ne peut être d’acier dans son environnement, les illusions apparaissent dans le coeur. Devant les cinq ouvertures, les illusions peuvent se manifester comme chance ou malchance, comme esprits fantômes, ou comme des Bouddhas et des Immortels, ou même comme des beautés sensuelles ou comme l’amour familial. Chaque tentation se manifestera parce que notre désir n’a pas été écarté. Ce sont toutes des illusions, et non la Voie véritable. On ne devrait pas regarder, ou sentir, ni être heureux, effrayé, ou avoir peur. On doit cultiver quotidiennement plutôt que d’attendre la dernière minute. Seulement en comprenant ces barrières peut-on vraiment saisir la difficulté de la cultivation des Taoïstes.
Epilogue :
Ces 49 points sont les barrières les plus importantes pour les étudiants du Taoïsme. Ces barrières sont des démons qui se tiennent en travers de notre chemin pour réaliser le Tao. On progresse seulement en les dépassant l’une après l’autre. Comme un examen, si on ne passe pas, la voie nous est barrée vers de nouveaux progrès. Quand on ne parvient pas à surmonter ces barrières, on doit continuer à travailler dur et continuer à croire qu’un jour on sera capable de passer le test. La voie de la cultivation est la voie du Ciel. C’est la chose la plus importante et la plus difficile au monde. Elle requiert une grande détermination et un travail dur. La cultivation Taoïste ne peut être simplement expliquée par le langage et les nombres, et elle n’est pas dans le champ de la compréhension des personnes ordinaires. C’est comme l’éducation d’un étudiant, il y a des classes et des niveaux différents, les étudiants du jardin d’enfant, de l’école primaire, du collège, du lycée et de l’université ne peuvent étudier les mêmes sujets d’étude. Chaque individu a un pouvoir de compréhension unique, certains sont plus rapides, certains sont plus lents. Quand les grands enseignants du passé étaient de ce monde, ils traitaient différentes situations avec différentes méthodes. De nos jours, nous avons des ressources matérielles, des technologies avancées, et des moyens de communication rapide. On peut lire tous les livres qu’on veut sans même mettre un pied dehors. Bien que cela ait des avantages, on doit savoir que c’est comme une épée à double tranchant. Là où il y a gain, il y a perte de façon inhérente. Cette commodité peut nous piéger dans la satisfaction et le confort, une situation mortelle pour notre détermination vers d’avantage de cultivation. Cela peut mener à l’égoïsme, et entraîne les gens à la poursuite du monde matériel, perdant finalement la connection avec leur soi intérieur. Dans le monde d’aujourd’hui, l’argent vient toujours en premier. Ce monde est déjà assez dur pour un être humain normal, sans parler de ceux qui cultivent le Tao. Les personnes qui rejettent le confort matériel et leurs propres désirs sont très rares. Ceux qui ont l’intention de cultiver devraient considérer cela sérieusement, avant de passer à l’action. Après avoir lu cette déclaration folle, certains ne seront pas d’accord. Ceux qui partagent une perspective similaire à celle de l’auteur seront d’accord, les autres ne le seront pas. L’océan des désirs est sans limites, et ceux ayant une affinité avec elle sont attiré par la Voie. Le Bouddha et les grands maîtres Taoïstes du passé étaient aussi considérés comme fous. Le maître a dit: ceux qui ne comprennent pas ne deviendront pas fous. Ne devenant pas fous, ils ne réussiront pas.